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La surdité et

ses retentissements sur le cerveau de la personne adulte

 

L’audition est normalement automatique et irrépressible. Une personne normo-entendante ne peut pas s’empêcher d’entendre et comprendre quelqu’un qui parle à côté d’elle, dans sa langue maternelle.

Vous le savez tous, nous entendons avec à nos oreilles mais nous comprenons grâce à notre cerveau.

Quel que soit le niveau d’audition, le message oral est compris de façon globale avec :

- des informations auditives véhiculées par le système auditif (de l’oreille aux centres auditifs cérébraux),

- des informations visuelles telles que la lecture labio-faciale (des lèvres, mais aussi les des mimiques, de l’attitude corporelle ou l'interprétation du contexte)

- un décodage au niveau du cerveau, ce qui nécessite un travail d’intégration des deux précédentes informations mobilisant alors de nombreuses ressources dites cognitives.

 

La cognition est la capacité d'assimiler et de traiter les données qui parviennent de différentes manières (perception, expérience, croyances...) pour les transformer en connaissances.  La cognition regroupe différents processus réalisés par notre cerveau tels que l'attention, l'apprentissage, la mémoire, le langage, le raisonnement, la prise de décision, etc. Ces différents processus font partie du développement intellectuel et de l'expérience propre à chaque individu.  (Définition selon : https://www.cognifit.com/fr/cognition)

 

Une personne qui a des difficultés d’audition, va donc mobiliser toutes les autres sources de compréhension du langage oral pour arriver à décoder au mieux de ses capacités, le message émis par un interlocuteur.

La première étape passe par une écoute particulièrement attentive du message oral et des informations délivrées en même temps. Il faut mobiliser toute son énergie pour écouter et voir afin d’appréhender le maximum d’informations.

Dans un second temps, ces informations sont traitées par le cerveau qui les analyse en fonction de ses connaissances, de sa mémoire sémantique, de sa maîtrise linguistique et de de sa bibliothèque sonore, des indices visuels perçus pour leur donner un sens conforme au message du locuteur.

Dans un troisième temps, le malentendant devra élaborer la réponse adaptée au message sonore qu’il vient de décoder.

 

Quelles sont les conséquences à long terme de ce fonctionnement différent en cas de perte auditive ?

Depuis une dizaine d’années, certains scientifiques ont mis en évidence que le risque de développer des troubles cognitifs augmentait en cas de surdité. Le Pr Lin a mené une première étude en 2011 sur 605 patients âgés de 60 à 69 ans et a montré qu’une perte auditive de 25 dB s’accompagnait d’une diminution des performances cognitives équivalente à une différence d’âge de 7 ans. Puis en 2013, il a publié une étude basée sur le suivi pendant 6 ans de 1984 patients âgés de 70 à 79 ans qui, au début de l’étude, n’avaient pas de troubles cognitifs. Par rapport aux patients normo-entendants, les patients ayant une perte auditive au début de l’étude présentaient un risque accru (24 %) de développer des troubles cognitifs et une accélération du déclin des fonctions cognitives (30 à 40 %).

La perte auditive est donc maintenant reconnue comme l’un des premiers facteurs de risque de troubles cognitifs voire de démence.

 

Comment expliquer qu’une perte d’audition accélère la dégradation des performances cognitives ?

Nous avons vu que pour comprendre un message sonore, le malentendant doit mobiliser toutes ses capacités auditives, visuelles, attentionnelles, de décodage c’est-à-dire mobiliser un maximum d’énergie. Le cerveau s’épuise !
La deuxième explication passe par une baisse de stimulation du cerveau : en l’absence de correction auditive, les personnes ont des difficultés à participer aux conversations et s’isolent de plus en plus, un cercle vicieux s'installe.
Bien entendu ces deux explications sont étroitement liées.

 

Mais est ce que la correction de la surdité intervient sur le processus de déclin cognitif ?

Le Pr Amiéva  a suivi un groupe de 3777 personnes de + de 65 ans (cohorte PAQUID) pendant 25 ans. Elle a confirmé l’association entre le fait qu’une personne déclare une perte auditive et le constat d’un déclin cognitif aux tests. Les données montrent également que le port d’un appareillage auditif est associé à une atténuation du déclin cognitif par rapport aux malentendants non appareillés. Dans cette étude, l’ajustement sur les variables psycho-sociales fait disparaître la distinction entre déclin cognitif et état auditif, appareillé ou pas, suggérant que l’appareillage intervient indirectement, probablement en améliorant les interactions sociales. 

L’apport de la correction auditive par implant cochléaire a été analysé dans une étude réalisée par de nombreux centres d’implantation cochléaire en France sur 70 patients de plus de 65 ans dont les capacités cognitives ont été testées avant et après implantation cochléaire jusque 7 ans après.  Nous avons montré une stabilité voire une amélioration des fonctions cognitives chez 82 % des patients.
33 % des patients candidats à l’implant cochléaire présentaient des troubles légers des fonctions cognitives avant leur implantation, alors que ce taux est de 5 à 19 % dans la population générale.
Seulement 6 % d’entre ces personnes avec troubles cognitifs légers avant l’implantation, évoluent vers la démence sur des tests réalisés 7 ans après l’implantation cochléaire. Il faut savoir que dans la population générale 50 % des patients qui ont des troubles mineurs des fonctions cognitives évoluent à 7 ans vers la démence.
Nous avons donc bien montré l’intérêt d’une correction auditive.

 

La perte auditive est la deuxième cause d’invalidité dans le monde avec 466 millions de personnes atteintes de troubles de l’audition dont 90 % seraient liés à l’âge. Comme elle s’accompagne d’un risque accru de développer des troubles cognitifs, la correction des pertes auditives est devenue une priorité pour les pouvoirs publics, lesquels espèrent ainsi faire reculer les troubles cognitifs graves voire la démence.

 

Dr Christine PONCET-WALLET - Cheffe de service - CRIC Consultation ORL
Département Médico-Universitaire CHIR (Chirurgies Innovations et Recherches)
AP-HP. Sorbonne Université
Hôpital Rothschild -5 rue Santerre - 75012 PARIS -

Site internet : http://orl-rothschild.aphp.fr