Visite de la maison de l’Unesco le mardi 8 octobre 2024

 

 

Rendez-vous ce 8 octobre Place de Fontenoy sous la houlette de Solange et sous le soleil.

Après l’échange de badges contre nos cartes d’identité et le rituel passage sous les arcanes sécuritaires, Juliette, notre guide, nous prend vigoureusement en main.

UNESCO = ONU + Éducation, Sciences, Culture… et beaucoup d’autres missions !

Depuis que nous avons franchi le portique d’entrée, nous ne sommes plus en France, nous sommes dans une zone extraterritoriale, soumise à la législation de l’ONU.

 

Devant la maquette du site, dans le grand hall en béton brut, Juliette nous raconte :

1945. Pour construire une paix durable, les accords économiques et politiques entre états ne suffisent pas. Il faut unir les peuples par le dialogue des cultures et la compréhension mutuelle, dénoncer les théories racistes et développer des projets d’avant-garde.

L’Organisation a d’abord été installée à Londres, dans des locaux trop petits, puis à Paris, moins détruit, dans l’hôtel Majestic qui a le confort et le téléphone. Mais l’augmentation du nombre de membres et l’importance des Archives exigent un site plus grand : ce sera sur l’emplacement des écuries de l’École Militaire (les guerres se passent désormais de chevaux !).

De 1950 à 1958, les travaux sont conçus et menés par 3 architectes, le Français Bernard Zehrfuss, l’Américain Marcel Breuer et l’Italien Pier Luigi Nervi, spécialistes du béton, sous la houlette d’une commission internationale (dont Le Corbusier). Tout a été payé par des dons des états membres. Par exemple, la France a fourni le verre, la Belgique l’aluminium, la Suède le mobilier…

 

APPROCHE GLOBALE

Le bâtiment principal est une construction sur pilotis en forme d’étoile à 3 branches. Puis ont été ajoutés le Cube, et deux étages de bureaux en sous-sol. La place circulaire par laquelle nous sommes entrés date du 18^ème siècle, il a donc fallu respecter certaines normes du Patrimoine (pas plus de 7 étages).

L’ensemble abrite environ 1000 personnes, pour 194 états membres dont les délégués permanents sont élus. (L’ONU compte 196 états). L’actuelle directrice est la française Audrey Azoulay, ancienne ministre de la Culture.

Puis Juliette nous emmène dans le jardin, pour une vue d’ensemble. Le bâtiment en étoile évoque le style de Le Corbusier. Des façades libres (non porteuses) permettent d’intégrer des sections vitrées avec une grande liberté, d’autres parties murales étant recouvertes de pierres de parement en travertin (dégradées). Le style (« brutaliste ») de ces années cinquante recherchait la sobriété : aussi, l’impression, austère, a fait polémique. D’où la décision d’introduire de la couleur dans tout ce gris : en 1958, à la fin des travaux, 11 artistes de renommée mondiale ont été sollicités.

De nos jours il y a des centaines d’œuvres d’art !

 

LE SQUARE DE LA TOLÉRANCE

Dani Karavan, artiste israélien, a créé une sculpture environnementale intitulée Square of Tolerance, composée d’un haut mur et d’un olivier massif entouré d’herbe, de terre, de sable et d’eau, pour symboliser l’aube du processus de paix israélo-palestinien. Lors de l’inauguration en mai 1996, il a rendu hommage au rôle joué par Yitzhak Rabin, le Premier ministre israélien assassiné en 1995. Le préambule de la Constitution est gravé sur le mur dans les 9 langues officielles de l’UNESCO ainsi qu’en hébreu (tout en haut s’entrelacent arabe et hébreu) :

« Les guerres prennent naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix ».

 

LE JARDIN JAPONAIS

Aussi appelé le jardin de la paix, c’est un véritable havre de tranquillité créé de toutes pièces par l’artiste Isamu Noguchi pour l’ouverture de la Maison de l’UNESCO à Paris en 1958. S’étendant sur plus de 1500 mètres carrés, il invite au délassement et à la méditation.

Dans ce jardin - considéré comme le premier à avoir été créé par un sculpteur et non pas un jardinier-, le lac, le pont, les arbustes et les arbres forment un ensemble très harmonieux.

“La fontaine de la paix” est une œuvre du sculpteur lui-même, réalisée à partir d’un roc de granit gris. Noguchi y a inscrit en son centre le mot “paix” en caractères japonais à l’envers, de façon à ce qu’il se reflète dans l’eau à ses pieds. Reflet rarement obtenu, et symbole de la fragilité de la paix.

Au bout du mur de l’Étoile, le visage sculpté d’un ange évoque le souvenir de Nagasaki.

 

Salle n°1 ou GRAND AUDITORIUM

La plus grande des salles de réunion. Impressionnante. 1300 places. Le toit plissé en cuivre de ce bâtiment a la forme d’un accordéon.

C’est la salle de la Conférence Générale, qui se tient tous les ans durant 3 semaines.

C’est aussi la salle du Conseil Exécutif de 58 membres, qui se réunit deux fois par an.

Et celle du Campus des Jeunes : 800 participants d’Ile de France viennent régulièrement parler avec des experts de différents sujets.

S’y tiennent aussi de nombreuses conférences, cérémonies, concerts. Notamment dans le cadre de la protection du patrimoine culturel immatériel. Certaines manifestations sont organisées par des entreprises privées. L’Oréal, par exemple, y décerne le « Prix de la Femme Scientifique de l’année ».

Et comme nous sommes assis (sièges très confortables !), Juliette en profite pour nous parler du FONCTIONNEMENT DE L’UNESCO :

Élection de la Directrice Générale (ou du Directeur) tous les 4 ans. Pas plus de deux mandats. L’actuelle Directrice, Audrey Azoulay, fait son deuxième mandat.

Les états membres sont ou bien reconnus par l’ONU, ou bien élus à la majorité des 2/3.

Israël est sorti quand la Palestine est entrée. Les USA, qui s’étaient retirés en raison de disparités entre les objectifs de l’UNESCO et la politique étrangère, sont revenus en 2023.

La contribution financière (obligatoire) est fonction du PIB.Le budget global de 2022 était d’environ 680 millions de dollars. Mais chaque pays a une voix, quelle que soit sa taille.

Règle d’or : pas d’interférence dans la politique intérieure des pays membres. L’Organisation ne fait que des recommandations, ou propose des outils, sans aucune contrainte.

Les missions et les aides sont multiples.

Des priorités : l’éducation (258 millions d’enfants sont hors d’un système scolaire), les filles, le continent africain…comprendre le racisme pour le combattre (écrire l’histoire de l’esclavage, par exemple).

Exemples d’aides culturelles : déplacer le temple d’Abou Simbel, faire revivre Mossoul…

Chaque année, le Comité se réunit pour évaluer des candidatures et décider d’inscrire ou non les pratiques et expressions culturelles du patrimoine immatériel proposées par les États. Bel exemple : les deux Corées ont été obligées de s’asseoir à la même table pour demander ensemble que le ssireum, la lutte coréenne, soit inscrite au Patrimoine Immatériel de l'Humanité.

 

LES ŒUVRES D’ART (outre le jardin japonais) :

Celles d’artistes majeurs sélectionnées en 1958 pour une œuvre monumentale :

-   Une céramique de Juan Miro (mis en concurrence avec Fernand Léger), le soleil et la lune. L’artiste a été très présent sur le site.

-   Une fresque de Picasso (non signée). Titre officiel la Chute d’Icare. Les panneaux ont été peints dans le sud et remontés sur place, sans la présence de Picasso.

 Et, à l’extérieur, des sculptures de

-    Henry Moor (en travertin)

-    Alexandre Calder

-    Eduardo Chillida

 Puis des acquisitions au fil du temps comme :

-    L’homme qui marche de  Giacometti

Certains états font des dons :

-   Une mosaïque romaine du IIème siècle après JC, Diane chasseresse, don de la Tunisie. Dans le grand hall.

-   Dernière œuvre en date (2023), don du Portugal : une fresque de 31m gravée à la perceuse et au burin par un créateur passé par le street art, le Portugais Alexandre Farto, alias Vhils. Elle met en avant 11 sites classés dans le monde entier, ainsi qu’Ellen Wilkinson (rôle majeur dans l’acte constitutif de l’Unesco en 1945).

 

L’ENTRÉE OFFICIELLE

Les drapeaux : 196 hampes, 194 pour les 194 États membres, plus le drapeau bleu de l’Unesco, plus la hampe vide pour le drapeau de l’État visiteur. Auparavant les drapeaux n’étaient hissés que le temps des Conférences. Ils sont désormais en place en permanence, par ordre alphabétique, le premier étant régulièrement tiré au sort.

Le globe symbolique : une structure métallique de 15 m de diamètre (Le globe est le logo de l’UNESCO).

Dans la Grèce antique, quand des amis se quittaient, les hôtes brisaient un objet et en donnaient un morceau (sumbolon) à chacun des invités. Lorsque ceux-ci revenaient en visite, ils le rapportaient et le remettaient en place. En reconstituant l'objet, ils prouvaient leurs liens d'amitié. Cette idée de partage et d'amitié allait être perpétuée à l'occasion du sommet mondial des Nations unies à Copenhague en 1995. Les 10 000 délégués, venus du monde entier, reçurent chacun un sumbolon qui leur permettrait de construire ensemble une structure durable : le Globe symbolique.

Et, en son milieu, une boule dorée, la Paix, la paix fragile, qui a besoin du sumbolon de chaque pays pour être tenue en équilibre !

 

Visite passionnante, qui nous interpelle, oh combien ! par les temps qui courent…

 

Françoise Gicquel-Treiner

 

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