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Visite aux musée et jardins Albert Kahn

 

   Nous sommes 19, accueillis en ce mercredi 7 juin 2023 très estival dans un bâtiment tout neuf, filtre entre musée et jardin, inauguré en 2022. Superbe armature de lattes, métal vers la rue, bois sur le jardin.
Morgane, notre guide, nous conduit dans les Archives de la Planète, où nous attend une galerie spectaculaire de 2687 photos autochromes, une petite partie du monde d’Albert Kahn (72000 photos du monde entier, dont 52000 d’Europe).    
    Collections du musée départemental Albert-Kahn
  
    Collections du musée départemental Albert-Kahn

    Alsacien venu travailler dans la banque à Paris, il bâtit une fortune précoce, puis se met à voyager à la suite d’un « burn out », s’émerveille de la beauté des pays visités, dont le Japon, et décide de mettre ses richesses au service d’idéaux de paix et de progrès, et de projets philanthropiques et humanistes. 15 opérateurs formés par Jean Brunhes et super équipés vont sillonner les continents pour photographier et filmer populations, habitats, paysages, et leurs réalisations constitueront ces Archives de la planète pour l’émerveillement et l’éducation des générations futures, mais essentiellement destinées, dans l’intention d’Albert Kahn, à être projetées aux élites de son temps pour les sensibiliser à son œuvre philanthropique.

Dans la salle suivante, les images sont cette fois mouvantes, présentées autour de 4 thèmes : actualités, géographie, voyage, ethnologie.

- Dans les actualités l’objectif est de « prendre de la hauteur sur les évènements, afin d’engager une réflexion sur les modalités d’amélioration du monde ».

- La géographie privilégie « l’expérience du terrain dans l’observation des phénomènes naturels et de l’impact de l’homme sur son environnement ».

- L’expérience du voyage constitue la base des idéaux d’Albert Kahn. Les opérateurs « immortalisent les ruines antiques ou les rivages au coucher du soleil ».

- Sous le thème de l’ethnologie, on passe de l’habitat et son environnement à l’habitant et sa vie sociale. Images superbes de modes de vie traditionnels dont la disparition inquiète le mécène philanthrope.

 

Collections du musée départemental Albert-Kahn

 Nous avançons encore dans le musée et Morgane nous en dit un peu plus sur ce mécène, homme tout à la fois secret et passionné. Né en 1860 à Marmoutier, en Alsace, dans une famille juive, marchande de bestiaux, il part à 18 ans travailler à Paris dans une banque. À 19 ans, sa rencontre avec le philosophe Henri Bergson bouleverse sa vie, les voyages font le reste. Ayant fondé sa propre banque en 1898, il devient rapidement très riche grâce aux revenus de mines d’or et de diamants en Afrique du Sud, et peut donc financer ses généreux projets, jusqu’en 1931 (krach boursier de 29). Ruiné, il perd tout, le département de la Petite Couronne lui rachète sa propriété de Boulogne (il ne garde que sa maison, qu’il occupe jusqu’à sa mort en 1940). Le jardin est ouvert au public dès 1937. Il ne se marie pas pour ne pas dilapider son patrimoine.

 « Il encourage les savants à percer le cœur du vivant ».

« De l’invisible nu faisons une nouvelle philosophie ».

 

Puis nous sortons dans le jardin de 4,2 hectares qu’Albert Kahn a commencé à acheter en 1895, puis complété avec l’achat pendant 30 ans de nouvelles parcelles ; il y a fait aménager des scènes paysagères, à l’anglaise, à la japonaise, à la française, sans parler des forêts…

Le jardin anglais cherche à donner l’impression d’une campagne naturelle… avec du faux (ciment) !

    

Le jardin japonais, avec ses maisons pour la cérémonie du thé, respecte scrupuleusement les traditions de culture et d’habitat, au point que les plantes sont travaillées à la main, et qu’un des pavillons ne peut être ouvert que par un maître du thé… Il demande beaucoup de travail aux 10 jardiniers (ils étaient 20 à l’époque d’Albert Kahn).

 

 

 
Nous passons sous la porte (tori) qui nous amène dans un magnifique jardin japonais contemporain réalisé par le paysagiste Fumiaki Takano. Un plaisir des yeux, et découvertes de multiples symboles, le cône de la naissance, la carpe de la longévité, le yin et le yang …      

 Et nous nous retrouvons dans le jardin à la française, droit dans ses bottes, mais qui vous accueille avec ses fleurs (pergolas de rosiers bouleversantes) et ses fruits, pommes et poires, dont notre guide Morgane nous dit grand bien, surtout pour les tartes !

Puis nous entrons dans le bâtiment de la fabrique des images : ces images constituent l’une des plus importantes collections de ce type, « au service d’un projet utopique de représentation du monde ». Nous prenons conscience des moyens considérables mis au service des opérateurs, équipés des dernières inventions des frères Lumière, le cinématographe et l’autochrome. Tout le matériel lourd et cher est exposé là. Nous apprenons que l’enregistrement des films à la manivelle se fait sur un rythme « Sambre et Meuse », que de nombreuses retouches se font à la main (on noircit les moustaches !) …

Nous avançons encore et découvrons la Forêt bleue constituée de cèdres et d’épicéas du Colorado, de rhododendrons aux couleurs magiques, côtoyons le Marais, la Prairie, et arrivons dans la Forêt vosgienne, mi- lorraine, mi- alsacienne, souvenir de l’enfance d’Albert Kahn, et  qui lutte en ce moment contre les chenilles processionnaires.     

Tous ces jardins demandent un renouvellement régulier, qui peut se faire à l’identique grâce aux 25000 autochromes des jardins d’origine. Ils représentent un extraordinaire microcosme où s’observe la vie en acte.

      Et nous arrivons à la serre, blanche et magnifique. Dans une aile, nous découvrons enfin le visage de notre hôte, unique photo (celle de sa carte d’identité) de cet homme secret qui refusait de se faire photographier.     
       Collections du musée départemental Albert-Kahn

Et nous rencontrons là trois personnages d’exception :

- Henri Bergson, dont la réflexion sur l’élan vital « célèbre la liberté créatrice de la vie ». Albert Kahn et lui sont tous deux convaincus « du développement de la connaissance comme outil d’amélioration du monde ». Ils resteront amis jusqu’à la fin.

- Rabindranath Tagore, dont le respect de la nature résonnera avec les actions du banquier en faveur du progrès de l’humanité.

- Jean Comandon, médecin spécialiste de la vie microscopique, qui s’intéresse aux nouvelles techniques d’enregistrement cinématographiques et s’installe à Boulogne en 1927 pour partager avec Albert Kahn les recherches liées au développement de la vie.

    Et nous nous quittons là, dans le parfum des roses.

Françoise Gicquel