Visite de l'exposition "1874, Inventer l'Impressionnisme"

au Musée d'Orsay 

(150^ème anniversaire du mouvement)

Ce vendredi 13 mai nous étions 13 participants à la visite au Musée d'Orsay.

Le mouvement impresssionniste fut porté par Renoir, Monet, Degas, Pissarro, Sisley, Berthe Morisot ou Bazille. Dès 1873 ils fondent une Société Anonyme des peintres, sculpteurs, graveurs, lithographes, artistes indépendants. Henri Rouart peintre et polytechnicien en fait aussi partie et le finance. Ce dernier est l'inventeur de la distribution du courrier par pneumatique. Ils refusent le principe du choix par un Jury du Salon des Champs Elysées et de ses récompenses. Degas trouve un local -35 Boulevard des Capucines- ancien atelier du photographe Nadar. Ils décident d'y exposer leurs œuvres dont certaines ont été refusées par le Jury officiel, par exemple Edouard Manet avec ‘Olympia’ et Eva Gonzales. Ce quartier proche de l'Opéra Garnier est en pleine mutation. Après la défaite de la guerre de 1870, Paris a souffert de la Commune et de ses destructions. Ce quartier Haussmannien voit l'essor et le déclin de grandes fortunes de l'industrie. L'ART devient un marché.

Dans ce salon qui débute le 15 Avril 1874, soit 15 jours avant le Salon Officiel, on a retenu l'exposition d'une trentaine de peintres. Ils exposent à leur guise 200 toiles sur des murs tendus de laine brun rouge. Plus besoin d'un lorgnon pour en voir les détails car elles sont installées sur deux lignes. L'entrée est payante - ouverte le soir grâce à l'éclairage au gaz - on y distribue un livret catalogue. Dans les faits elle n'intéresse que 3500 visiteurs et seulement 4 toiles y seront vendues.

Auguste Renoir   Eva Gonzales

 En entrant dans la salle principale de l'exposition nous sommes saisis par l'Eclectisme, la profusion des œuvres exposées, leurs différents supports, les techniques variées. Bref, il n'y a pas que des peintures ! Le public de 1874 a-t-il eu le même saisissement en entrant dans les salles? Il ne reste aucune trace de la disposition des œuvres, mais des critiques. Des journalistes, comme Jean Trouvaire pour le Rappel, expriment leur surprise et conseillent de ‘Laisser tout préjugé ancien’. Louis Leroy pour Charivari écrit ‘la peinture doit donner l'impression’ ; il juge ainsi le tableau de Monet ‘Port du Havre Soleil Levant ou Impression’ en écrivant : ‘Le papier peint à l'état embryonnaire est plus fait que cette marine-là’.

Claude Monet		Charles-François Daubigny

 On leur reproche de donner l'impression des choses. En ce sens, la comparaison entre la grande composition ‘Coquelicots’ de Daubigny et celle de Monet du même nom est flagrante. Merci à notre guide de nous l'avoir fait remarquer.

A quelques exceptions près ‘L'éminence grise’ figure d'un conseiller de Richelieu de Jean-Léon Gérôme, peu de thèmes historiques ou mythologiques. Les tailles des tableaux sont plus petites. On découvre la délicatesse de ceux de Berthe Morisot avec le Berceau ou de Degas avec les danseuses de l'Opéra où il veut faire ‘Danser la couleur’. Sublime aussi le tableau de Pissarro ‘Gelée blanche’.

	Le berceau de Berthe Morisot

Comme d’habitude on note l’excellence de notre guide : Cécile. Ce sont les guides qui rendent les expositions vivantes et claires pour nous visiteurs !

Ces peintures à l'huile sur toile feraient presque oublier que sur les mêmes scènes de vie en ville, à la campagne, l'intimité d'une loge dans un théâtre ou d'un appartement d'autres artistes étaient exposés. Notre guide nous entraine vers les aquarelles japonisantes d'Astruc, les gravures de Braquenard ou les eaux fortes de Lepic, les émaux de Meyer ou le buste d'Ingres par Ottin.

Est-ce la diversité de ce courant artistique qui le fait connu et apprécié du monde entier ? En Russie, à Moscou au Musée Pouchkine, à Saint Pétersbourg à l'Ermitage -qui lui consacre une salle entière- aux USA, les musées de New-York, le MET ou le MOMA, de Boston, de Washington, sont riches en toiles impressionnistes. L'intérêt est tel qu'Outre Atlantique dès Septembre 2024 le Musée d'Orsay exportera cette exposition à la National Gallery of Art de Washington.

Restons chauvins et apprécions le plaisir de pouvoir retrouver à souhait dans nos musées d'Orsay, de l'Orangerie et de Marmottan le plus important fond de toiles impressionnistes au monde.

Françoise Goldemberg