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 LE PSYCHOLOGUE AUTOUR DE L’IMPLANT COCHLÉAIRE

  Agathe Théry psychologue clinicienne au CEICA de l’hôpital de la Fondation Rothschild

 Vivre une implantation cochléaire est une démarche forte, qui engage la personne dans tout son être. Les changements qu’elle va traverser sont de différentes natures : physiologique, sociale et psychique. L’accompagnement par des professionnels de santé se doit donc d’être global, pour permettre à ces trois aspects du sujet sourd ou malentendant de s’exprimer, et de s’articuler. Le psychologue clinicien joue un rôle aux trois phases du parcours d’implantation : lors de la phase de réflexion et de décision, au moment de la chirurgie, et enfin, tout au long du suivi de la personne implantée.

 

La part du psychologue au bilan pré-implant

Les personnes qui frappent à la porte du Centre Implant n’y vont pas par hasard. Elles arrivent avec des fragilités liées au vécu du handicap. Celles-ci peuvent être anciennes, par exemple, lorsque la surdité est présente dès la naissance ou l’enfance, ou bien récentes quand il s’agit d’une perte d’audition brutale. L’implantation cochléaire, au travers de la chirurgie et du nouveau monde sonore qu’elle ouvre, touche de près ces fragilités psychiques. Lors du bilan pré-implant, l’entretien avec le psychologue est avant tout une rencontre. En général, nous savons que nous accueillons le patient à un moment charnière de son histoire : l’ouïe a baissé ou sa perte brutale engendre un vécu traumatique, un acouphène devient insupportable, un seuil d’épuisement est franchi, la communication devient plus difficile au travail ou à la maison, un proche déclare qu’il n’en peut plus… La demande d’un implant cochléaire est toujours couplée à un besoin ou à un désir personnel, si ce n’est à une souffrance. Avant tout, notre rôle est de décrypter, avec la personne, la demande qu’elle formule : est-ce bien la sienne ou vient-elle, par exemple, de ses proches ? Pourquoi maintenant ? Que cherche-t-elle à obtenir ou à vivre grâce à l’implant ? Ensuite, nous dépistons d’éventuels symptômes susceptibles de représenter une contre-indication à l’implant cochléaire : anxiété importante, état dépressif, maladie psychiatrique affectant la personnalité... Nous le verrons plus loin : l’implantation remanie les composantes identitaires du sujet sourd ou malentendant. Il est donc essentiel, pour pouvoir la vivre, que celui-ci dispose de suffisamment de ressources internes. Enfin, nous évaluons avec le patient si ses attentes et représentations de la vie avec l’implant correspondent à l’objet réel, mais aussi, si cet objet de nature technologique correspond bien à son projet personnel.

A l’issu de cette première rencontre, nous pouvons avoir une idée de la disposition du patient à vivre l’implantation : s’il est prêt ou non à vivre une réorganisation, des changements perceptifs, à s’engager dans un parcours de rééducation qu’il participera de construire, mais aussi, plus simplement, si le désir d’entendre est fort.

Parfois, nous rappelons au patient que la décision finale lui appartient : au-delà des indications médicales, il est important que le choix de l’implantation soit libre et personnel. A l’issu de l’entretien, nous ignorons si la personne sera implantée, ou non. Lorsque la demande nous semble à explorer davantage, nous pouvons proposer une deuxième rencontre, éventuellement avec la famille. L’essentiel, c’est qu’à ce croisement de nos chemins, la personne sente que notre espace de parole lui est ouvert, et que l’implant cochléaire, pour jouer un rôle ajusté, doit être pleinement intégré au fil narratif de sa vie – ce qui suppose, en amont, de pouvoir s’imaginer avec, se projeter ; lui préparer une place dans sa psyché avant que le chirurgien ne le pose, effectivement, sous la peau…

La phase post-opératoire : un deuxième entretien psychologique

Lorsque le patient en exprime le souhait, le psychologue peut se rendre disponible pour aller le rencontrer en service de réanimation, au réveil de l’opération, afin de lui apporter soutien et réassurance. Cette proposition concerne les personnes extrêmement inquiétées par la chirurgie en tant que telle, ce qui est plutôt rare. Le deuxième temps où nous jouons un rôle, c’est en phase dite post-opératoire, le plus souvent, quelques semaines après la chirurgie. Ce moment a son importance, car l’activation de l’implant nécessite du temps, variable selon les personnes. Quelquefois, le cerveau mettra plusieurs mois à entendre les sons retransmis par « l’oreille artificielle ». Cette période d’entre-deux est intense, et peut faire resurgir des fragilités psychiques ou affectives : baisse de moral, découragement, sentiment de solitude, reviviscences d’exclusion sociale ou de difficultés rencontrées à cause du handicap… L’entretien post-opératoire est l’occasion de faire un point, de verbaliser le vécu de la transition, de rencontrer le patient en présence de ses proches, selon son/leurs besoins. C’est à cet endroit du parcours qu’un suivi psychothérapeutique peut être décidé ensemble, soit pour accompagner ce temps de passage vers un nouveau monde sonore qu’est la phase de rééducation, soit pour inscrire, pendant quelques séances, le changement que l’implant fait advenir dans sa vie, soit pour poursuivre ou amorcer un chemin vers soi-même, plus en profondeur.

 

Selon le besoin, la proposition d’un suivi psychothérapeutique après l’implantation

En fonction du besoin et de la demande, le psychologue du Centre Implant peut proposer un suivi psychothérapeutique. Celui-ci a vocation à se concentrer sur les rapports qu’entretient le patient avec sa surdité. Mais au fond, les séances accueillent toujours une dimension plus personnelle : parler du handicap est surtout une porte d’entrée pour interroger son histoire, ses relations, ses projets. Lorsque cela est pertinent, nous pouvons orienter la personne vers un psychologue en libéral. Cela dépend de la problématique du patient, mais aussi de sa géographie : il est parfois plus facile de s’engager dans un travail sur soi-même avec un professionnel installé près de chez soi. Nous pouvons aussi indiquer au patient et à ses proches qu’il existe des psychothérapies pour le couple ou la famille, ce qui peut correspondre à un besoin lorsque l’implant « redistribue les cartes » et les rôles à la maison (par exemple, quand un patient qui n’entendait presque rien et se trouvait dépendant des autres pour téléphoner, se met à entendre et à pouvoir le faire lui-même…

 

L’accompagnement psychologique du sujet sourd et malentendant recouvre plusieurs aspects. En premier lieu, vivre avec un handicap sensoriel représente un enjeu social, qui peut créer une souffrance. Le sujet ne reçoit pas autant d’informations auditives que la plupart des gens, ce qui impacte la communication et incite, quelquefois, à se replier sur soi-même par crainte, par excès de fatigue à force d’adaptation. Le sentiment de ne pas être compris, et la sensation de ne pas comprendre ce qu’on nous dit, ou ce qui se parle et se passe autour de nous, sont bien souvent source d’angoisse. Le vécu de solitude, d’isolement par rapport au reste du monde, peut conduire certains à traverser une dépression. Ensuite, le handicap touche à la dimension identitaire : il souligne, en quelque sorte, un défaut physiologique qui rappelle que l’être humain est imparfait, et par nature, en état de manque. Cette réalité touche l’identité à deux niveaux : celui de l’image de soi, et celui du sentiment de soi. Pour les patients qui subissent une surdité brutale, le suivi psychologique pourra emprunter deux chemins : celui du deuil de l’ouïe perdue, et en particulier, de ce que cette perte représente pour le sujet (perte d’un statut social, d’une image de son corps, d’activités liées, de plaisirs auditifs, etc.) et celui de l’accueil de l’implant cochléaire et de ce qu’il représente (la réalité du handicap rendu visible, le statut hybride de sourd-entendant, l’inconnu du nouveau monde sonore et de ce qu’il va susciter en soi, etc.). Après une implantation, il arrive également que les personnes ayant été précocement atteinte de surdité éprouvent le besoin de revenir sur leur enfance, de relire ensemble la route parcourue toute une vie avec le handicap.

Parmi toutes ces étapes, les plus marquantes pour le psychologue du centre implant sont, sans nul doute, celles de la première rencontre, et de l’au revoir lorsqu’il y a eu un suivi de plusieurs séances, mais aussi les retrouvailles lors du bilan annuel. C’est une joie d’accueillir et d’accompagner. Mais c’est une joie plus grande encore que d’être témoin d’une évolution, d’une autonomie retrouvée, d’un plaisir d’être avec d’autres renouvelé, d’une confiance en soi quelque-peu restaurée… et même, d’une nouvelle peine ou difficulté rencontrée, qui sont toujours l’occasion d’apprendre, de rebondir, de mieux se connaître, de trouver son chemin… Le psychologue clinicien n’est rien d’autre qu’une présence accueillante, soutenante et encourageante, postée à différents endroits du parcours de la personne implantée.