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Le confinement en EHPAD quand on est malentendant 

(décembre 2020)

 

 

 Quand on m'a suggéré cet article, j'avoue avoir hésité car mes sentiments me semblaient contradictoires.

  Oui, ne le nions pas, le confinement en EHPAD est douloureux, plus encore, quand, malentendants, on a élu, depuis des décennies, la lecture labiale comme principal moyen de communication.  Ce complément, méconnu par les entendants, mais si nécessaire pour pallier à la difficulté des accents étrangers, nous manque cruellement quand les masques de protection étouffent les sons et rendent la parole moins audible. Cependant, vive l'implantation ! Je n'ose imaginer une même situation sans l'implant cochléaire !

  J'avais trop misé sur les masques transparents, quand leur homologation a été annoncée aux infos télévisées. Grande fut ma déception lorsque j'ai constaté que malgré l'avis positif des professionnels de l'homologation, les objections demeuraient, barrière de plus pour les malentendants, quel que soit le service ou l'établissement de santé concerné.

   Si l'on ajoute à cette difficulté l'épuisement des personnels médicaux ou paramédicaux, au bout de tant de mois de surcroît de travail, et leur angoisse légitime d'être contaminé par la covid-19, comment s'étonner d'en arriver parfois à une maltraitance verbale voire physique ? Les nerfs lâchent ; cela est compréhensif quand il faut répéter plusieurs fois la même phrase sans être sûr d'être mieux compris ! Je l'ai récemment vécu, à l'hôpital, de la part d'un jeune médecin, excédé, lors d'une échographie et l'ai vu vivre, plus gravement, sur un monsieur âgé sourd. Seule, une dame, d'à peu près mon âge, a fait chorus avec moi pour intervenir. Les autres patients, le nez plongé dans leur tablette numérique, n'ont pas réagi. Là aussi, ne jugeons pas, tout le monde est à bout et réagit selon ses propres difficultés.

  Cependant, je m'interroge : si seulement le B-A-BA des astuces de la communication avec les sourds était connu, tout le monde en bénéficierait ! Là, on touche au cœur même de la sensibilisation à la surdité. Je constate que le désir de communiquer avec les malentendants s'amenuise. Et, outre le handicap lui-même, trop souvent apparenté à une déficience mentale et non sensorielle, la personne âgée, sourde ou pas, n'est pas toujours respectée en tant que telle. Un tel constat est parfois décourageant ! Mais je crois que, nous, membres de l'ANIC, avons à nous soutenir pour continuer notre action de sensibilisation et redonner à tous la joie de communiquer.

  La souffrance existe bel et bien en EHPAD, face aux décès de proches, emportés par ce terrible virus, et à la suppression des visites. Je crois que les générations futures, habituées qu'elles sont à manier, dès leur plus jeune âge, les moyens actuels de communication, en souffriront moins. Elles resteront plus facilement en lien avec leurs "proches" quand ils sont..."loin" !

  Mais essayons de chausser nos "lunettes roses" pour apprécier à leur juste valeur toutes ces petites fleurs de générosité, oubli de soi, délicatesse, qui ne demandent qu'à être cueillies pour illuminer notre quotidien. Admirons le dévouement du personnel, soignant ou pas, qui cherche à faire passer dans son regard, le "sourire" devenu invisible en raison des masques ! 

  Le confinement en EHPAD, il est un peu ce que nous en faisons, chacun, compte-tenu de notre personnalité, de notre âge, de notre santé, de notre handicap, aussi ! 

  Je suis confinée très sévèrement depuis 10 mois en raison de mon manque de défenses immunitaires (anti-rejets pour greffe rénale et pose de valve cardiaque). Je constate que le silence m'est positif, éloignée que je suis des récriminations de certains résidents. Il me permet aussi de relire ma vie, d'aller à l'essentiel. Le silence ’re-pose‘, permet de prendre de la distance, penser à tous ceux qui n'ont pas ma chance d'avoir une chambre particulière, d'être en union avec ceux qui doivent s'entasser, toutes générations confondues, dans un même lieu, 24 h sur 24, avec les tensions et conflits que génère une telle promiscuité.


La famille de Babar, créations de Dominique

     Pour garder le moral, il me semble important de savoir s'occuper seul(e). Le temps passe tellement plus vite quand on pratique une activité. Pour ma part, je suis occupée ! Les petits de la crèche associative qui jouxte notre résidence ont plus que jamais besoin d'être gâtés à Noël ! De plus, nous sommes en lien avec un camp de réfugiés sur  l'île Samos où les Soeurs de Grèce essaient, par le biais des ONG, de venir en aide aux nouveaux nés et enfants de ce camp, durement frappé par la Covid-19. J'ai aussi entrepris la confection de 2 maisons de poupées qui me prennent plus de temps que je ne l'imaginais. Au royaume des poupées et de l'imaginaire, les heures passent trop vite à mon gré !
  Je crois que c'est une manière de témoigner que la personne sourde peut être à la fois une personne solitaire et solidaire. Elle ne peut, sauf exception, remercier les soignants par de la musique ou les chants qui ont illuminé notre premier confinement. Mais d'autres moyens existent. A nous de les choisir, de mettre en œuvre nos potentialités pour donner du bonheur autour de nous ! Peine et labeur s'envolent quand on entend une jeune maman s'exclamer : "Ma petite fille de 3 ans (ou plus) rêve d'une maison de poupées mais c'est trop cher ! "

Merci à tous ceux qui donnent le meilleur d'eux-mêmes à l'ANIC, véritables soleils en cette période hivernale !

Dominique Mirailh